VILLEPINTE, Seine-Saint-Denis, 1er décembre (Reuters)
- "Rassemblement, renouvellement, refondation démocratique" : tels sont
les axes autour desquels François Bayrou veut construire le Mouvement
démocrate (MoDem), dont le congrès fondateur se tient ce week-end à Villepinte (Seine-Saint-Denis).
"Rassemblement,
renouvellement, refondation démocratique, tel est le programme que je
voulais défendre devant vous. Je suis très heureux que nous tenions
ensemble ce congrès de fondation", a déclaré samedi le futur président
du MoDem - son élection sera confirmée dimanche matin - devant quelque
4.000 personnes réunies au parc des Expositions.
"Vous êtes par
nature un rassemblement", a lancé le "troisième homme" de la dernière
élection présidentielle, dont l'un des principaux slogans de campagne
était la fin du clivage droite-gauche.
"Nous réalisons cette
aspiration que nous avons proposée aux Français de faire vivre, penser
et travailler ensemble des femmes et des hommes venus d'horizons
différents", a-t-il ajouté.
De fait, le MoDem, qui revendique
entre 50.000 et 60.000 adhérents, est constitué de militants venus de
tous horizons, à commencer par l'UDF, qui a été officiellement dissoute
dans le MoDem vendredi. Ecologistes de Cap 21, "déçus" des Verts, du PS et de l'UMP, mais surtout nouveaux venus dans le militantisme politique constituent sa nouvelle base.
"J'en
connais beaucoup qui ne viennent de nulle part, qui étaient jusque là
dans une sorte d'abstention civique", a souligné François Bayrou.
Le
député béarnais s'est démarqué de l'ancien président François
Mitterrand, qui avait demandé dans les années 1970 aux adhérents de la
"deuxième gauche" de "laisser leurs armes et leurs bagages au
vestiaire".
"SOYEZ FIERS DE CE QUE VOUS ÊTES"
"Je dis
exactement le contraire", a-t-il lancé. "Venez avec votre bagage, avec
votre expérience, avec votre histoire (...) Soyez fiers de ce que vous
êtes".
Pour illustrer son désir de faire du MoDem un parti de
renouvellement, François Bayrou a assuré qu'il présenterait des
candidats aux élections, à commencer par les municipales de mars
prochain, "dans toutes les villes et tous les villages de France, à de
rares exceptions près".
Pour assurer, enfin, une "refondation
démocratique", François Bayrou a dit miser sur la formation des
adhérents et des citoyens via "une grande université populaire" pour
que "ce soit la conscience qui l'emporte, et non pas un suivisme".
Lors
de sa première intervention, en début de journée, François Bayrou avait
estimé que la création du Mouvement démocrate constituait à ses yeux
"le seul élément de nouveauté du paysage politique français".
Le
MoDem ne sera "pas un parti à courants parce que dans les partis à
courants, la guerre est interne au lieu de voir les combats agir à
l'extérieur", avait ajouté François Bayrou, un oeil rivé sur les
querelles internes du Parti socialiste. "Tout le monde ici a droit à la
parole mais nous récusons le bazar".
A l'approche du congrès, les
critiques ont fusé contre le député des Pyrénées-Atlantiques, accusé de
s'être isolé et de n'avoir pas su faire fructifier sa troisième place
au premier tour de l'élection présidentielle (18,6% des voix).
Nombre de ses anciens disciples ont rejoint le Nouveau centre rallié à Nicolas Sarkozy, ou se sont rapprochés de l'UMP.
François
Bayrou y compris, l'UDF-MoDem n'a fait élire que quatre députés et les
observateurs prédisent à sa formation des municipales difficiles.
"Si
nous étions insignifiants, nous ne serions pas critiqués. Nous sommes
en plein sarkozisme, c'est-à-dire une espèce d'absolutisme médiatique
qui veut tout ramener à la personne du monarque. C'est une régression
démocratique grave", a déclaré à Reuters un militant, Philippe Brachet.
Pour
le député européen Philippe Morillon, un fidèle de François Bayrou, le
MoDem "dérange". "Donc on débauche, on agite", a-t-il ajouté.