Le président du Mouvement Démocrate (MoDem) François Bayrou "demande à tous les députés qui ont une idée de ce que la France
doit être dans le monde de ne pas se prêter à la mascarade d'Etat qu'on est en train de préparer" avec la visite officielle en France, à partir de ce lundi et pendant cinq jours, du colonel Kadhafi.
Le député des Pyrénées-Atlantiques a dit lundi sur RMC souhaiter que ses collègues soient les plus nombreux possibles à boycotter notamment la venue du chef de l'Etat libyen à l'Assemblée nationale.
Qualifiant Moammar Kadhafi de "dictateur sanguinaire", auteur d'"actes terroristes parmi les plus horribles des dernières décennies" et de "prises d'otages", François Bayrou s'est dit "extrêmement troublé" par les propos de Nicolas Sarkozy selon lequel M. Kadhafi serait "en route vers la respectabilité". "Si c'est ça la respectabilité, où est la France
des droits de l'Homme?", s'est-il interrogé.
François Bayrou a estimé qu'en lui accordant cette visite officielle, la France
apporte à M. Kadhafi "la reconnaissance, le tapis rouge, le respect" et que c'est "inacceptable pour l'idée que nous nous faisons de notre pays".
"Le président de la République
place la France
dans une situation extrêmement troublante, profondément choquante", a-t-il déclaré. Il a vigoureusement dénoncé "cet abaissement que la France
est en train de vivre", "au nom du sacro-saint carnet de chèques". "Je ne crois pas que ce soit par l'accord avec les dictateurs que la politique économique de la France
va se reconstruire", a-t-il lancé.
"Du côté de l'UMP on dit 'carnet de chèques, carnet de chèques, carnet de chèques'", a fustigé l'ancien candidat à l'élection présidentielle. "Il suffit qu'il y ait du pétrole ou du gaz dans une de ces dictatures-là pour qu'aussitôt on s'abaisse (...), ça n'est pas parce que des régimes honteux ont comme ça des coffres-forts qu'on devrait plier le genou devant eux", s'est-il indigné.
Le centriste a reproché au président de la République
de faire "exactement le contraire de ce qu'il avait annoncé en campagne électorale lorsqu'il promettait aux Français une diplomatie morale". Il a par ailleurs estimé que le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, ministre d'ouverture, et sa secrétaire d'Etat chargée des Droits de l'Homme Rama Yade, convoquée lundi matin à l'Elysée après avoir critiqué la visite du chef de l'Etat de libyen, "devraient évidemment en tirer les conclusions".