« C'est un bon week-end pour nous. »
François Bayrou jubile en arrivant hier de Nantes, vers 14 h 30, à
Port-Anna (Séné). Il est accueilli par le ministre-maire François
Goulard, le président du conseil général et sénateur Jo Kerguéris. Mais
aussi de nombreux UMP qui ne craignent pas de s'afficher : le député
Josiane Boyce, le maire de Séné, Patrick Salic, pourtant membre du
comité de soutien à Nicolas Sarkozy, « venu par courtoisie »,
Yves Bienvenu, chef de file UMP de l'opposition municipale à Auray. On
susurre que Martine Allain, adjointe UMP au maire de Vannes, présente
également, serait sur le point de rendre sa carte lundi.
François
Bayrou se réjouit des mains tendues, et pas seulement à droite. Il
revient sur la proposition d'alliance de Bernard Kouchner (PS), dans le
sillage de Michel Rocard. « Il y a des signes à gauche et à droite, et même des écologistes : c'est une très bonne majorité qui est en train de se construire. » Au bord du Golfe du Morbihan, « terre de tradition, de conviction et de modération » selon François Goulard, François Bayrou est venu relever des casiers de morgate. Et parler pêche à bord du Bugale ar Mor du patron pêcheur Thierry Jacob. À l'entendre, la pêche est bonne. Et pas seulement à la morgate.
Au
milieu d'une foule de sympathisants, entre huîtres du golfe et vin
blanc, on aperçoit Alain Malardé, président de la Confédération
maritime, le metteur en scène Erik Krüger, le maire de Meucon
Louis-Marie Supiot, le navigateur Jimmy Pahun, candidat de Génération
écologie sur Auray. L'accueil se fait à coup d'applaudissements
nourris, face à un François Bayrou tout sourire : il surfe sur le
dernier sondage de notre confrère Le Parisien qui le donne à 21 % d'intentions de vote.
« Ne pas chasser sur les terres de Le Pen »
« Souvenez-vous en janvier, j'ai démarré dans les sondages à 6 %. Aujourd'hui, je suis à 21 %. La preuve arrive que ce chemin de rassemblement est possible. »
Saisissant le micro devant environ 250 militants et sympathisants,
réunis en petit comité dans un grand pique-nique démocratique, le
leader béarnais lance : « La majorité nouvelle est à portée
de main, au-delà des frontières traditionnelles. Ce n'est plus la
gauche, ce n'est plus la droite, c'est la France. Ces clivages ne
correspondent plus à rien. »
À son côté sont également
venus Bruno Joncourt, maire de Saint-Brieuc, Philippe Nogrix, sénateur
d'Ille-et-Vilaine, et Jacqueline Gouraud, vice-présidente de l'UDF,
sénatrice du Loir-et-Cher. « Député depuis 1986, je n'ai
jamais vu de président de la République rassembler autour d'une table
toutes les composantes politiques du pays pour parler de leurs
propositions », déplore François Bayrou, qui a choisi la Bretagne pour son discours anti-partisan : « Je
lance cet appel aux femmes et aux hommes de droite qui sont des
humanistes et des modérés, qui ne veulent pas aller chasser sur les
terres de Le Pen. » Une phrase qui déclenchera chez les militants présents un tonnerre d'applaudissements.
Éric de GRANDMAISON.